En Mai 2009 a été dévoilé l'étude récente d'un fossile montrant des caractéristiques anatomiques tout à fait particulières. L'organisme, qui vivait il y a environ 47 millions d'années, occuperait une place singulière dans l'échelle de l'évolution au moment de la séparation entre les lémuriens et les grands singes, et serait donc un ancêtre des hominidés.
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C'est en 1983 que Ida fut découverte dans la mine de Messel Pit près de Darmstadt en Allemagne. Ce site est une carrière de schiste bitumeux désaffectée qui, en raison de sa richesse extraordinaire en fossiles, a été classée patrimoine mondial de l'humanité par l'UNESCO en 1995.
La « redécouverte »Ida a été retrouvée dans une roche que les géologues ont pu dater de 47 Millions d'années (Eocène moyen) grâce à un fragment de basalte provenant d'une cheminée volcanique sous-jacente. Dans un premier temps, l'organisme est identifié comme appartenant à l'espèce des lémuriens. Au départ, il intéresse d'ailleurs plus les collectionneurs que les scientifiques pour son excellent état de conservation. Par la suite, le fossile fût divisé en deux parties et l'une d'entre elle fût achetée par un musée du Wyoming. Ce n'est que très récemment, 26 ans après sa découverte, que J. L. Franzen, étudiant le fossile, a révisé l'interprétation de ce spécimen (Gisla Telis Science daily news : http://sciencenow.sciencemag.org/cgi/content/full/2009/708/1).
Darwinius MassillaeLe squelette, presque complet, montre des caractéristiques légèrement différentes de celles des lémuriens. Comme les lémuridés, Ida possède un pouce opposable aux autres doigts, mais la structure osseuse de ses pieds est différente et la rapproche de celle des singes. En outre, l'absence de griffe sur le deuxième doigt permet également de différencier cette espèce (cet appendice est utilisé par les lémuriens pour gratter leur fourrure ou celle de leur congénère). Ces éléments ont permis d'attribuer le fossile de Ida à une nouvelle espèce baptisée Darwinius Massillae en hommage à Charles Darwin dont nous fêtons cette année le bicentenaire.
Le chainon manquant ?Darwinius Massillae a bénéficié d'une très large couverture médiatique. Le succès de cette découverte est sans doute du à la stratégie de communication des scientifiques américains. Ils n'ont en effet pas hésité à désigner Ida comme « the missing link », le chaînon manquant. Dans l'inconscient collectif le chaînon manquant serait un organisme hypothétique intermédiaire possédant des caractéristiques communes entre le singe et l'homme. En réalité, le chaînon manquant est probablement une vue de l'esprit. Nous possédons des ancêtres communs avec les grands singes, mais ces derniers ne sont en aucun cas nos aïeux. Dans l'échelle de l'évolution, Darwinius Massillae serait une évolution du lémurien possédant des spécificités propres aux singes. Ida n'est donc certainement pas LE chaînon manquant. Ce problème de vocabulaire a sans doute contribué à semer la confusion chez certains journalistes qui n'ont pas hésité à titrer : « Ida, le chaînon manquant entre le singe et l'homme ».
Le fossile de Darwinius Massillae constitue néanmoins une nouvelle pièce majeure et unique dans le tableau de l'évolution que les scientifiques remanient constamment au fil de leurs découvertes.